78e Festival de Cannes : un vent de renouveau souffle sur la Croisette

Le rideau se lève ce mardi 13 mai sur le 78e Festival de Cannes, avec une cérémonie d’ouverture qui s’annonce brillante, audacieuse et engagée. À partir de 19 heures, le monde entier aura les yeux tournés vers la Croisette où humour, glamour et politique promettent de s’entrelacer pour inaugurer cette nouvelle édition du plus prestigieux des festivals de cinéma.

Juliette Binoche, une présidente de jury à la stature internationale

Cette année, c’est une icône du cinéma français qui a été choisie pour présider le jury : Juliette Binoche. Actrice caméléon, à la fois muse du cinéma d’auteur et étoile du cinéma international, elle incarne cette édition : féminine, déterminée, ouverte sur le monde. Elle sera entourée d’un jury éclectique et exigeant, composé de personnalités marquantes du monde artistique.

Aux côtés de Juliette Binoche siégeront :

• Halle Berry, actrice oscarisée et pionnière des actrices afro-américaines à Hollywood,

• Leïla Slimani, autrice à la plume acérée et Prix Goncourt 2016,

• Payal Kapadia, réalisatrice indienne montante,

• Alba Rohrwacher, figure du cinéma italien contemporain,

• Dieudo Hamadi, cinéaste congolais engagé,

• Hong Sangsoo, réalisateur sud-coréen à l’univers singulier,

• Carlos Reygadas, maître du cinéma mexicain,

• et Jeremy Strong, acteur américain reconnu pour ses performances habitées.

Ce jury cosmopolite et inspiré devra départager 22 films en lice pour la Palme d’Or.

Une compétition prestigieuse, entre promesses et légendes

Cette 78e sélection officielle s’annonce d’une richesse exceptionnelle. Vingt-deux longs-métrages venus des quatre coins du globe se disputent la Palme d’Or. Parmi eux, des habitués de la Croisette, des étoiles montantes et quelques surprises.

Le retour très attendu de Jafar Panahi avec Un simple accident pourrait bien bouleverser la Croisette, tout comme Julia Ducournau, déjà Palme d’Or en 2021, qui présente Alpha, un nouveau film radical. Le duo belge Jean-Pierre et Luc Dardenne revient avec Jeunes Mères, une chronique sociale dont ils ont le secret.

Wes Anderson promet une œuvre baroque et inventive avec The Phoenician Scheme, tandis que Ari Aster, maître du malaise, s’essaie au drame existentiel avec Eddington. Du côté français, notons la présence de Hafsia Herzi (La Petite Dernière) et Dominik Moll (Dossier 137), figures du renouveau hexagonal.

La compétition prend aussi des accents politiques avec Les Aigles de la République de Tarik Saleh, Deux procureurs de Sergeï Loznitsa, ou encore Mother and Child de l’Iranien Saeed Roustaee, film sensible sur la maternité en temps de crise.

Robert De Niro, une légende célébrée

Le moment fort de cette édition sera sans aucun doute la remise de la Palme d’Or d’honneur à Robert De Niro. À 81 ans, l’acteur américain reçoit cette récompense ultime pour l’ensemble de sa carrière, des mains de Leonardo DiCaprio, son partenaire dans le dernier film de Martin Scorsese.

Cannes rend ainsi hommage à un monstre sacré, dont le nom est indissociable de deux Palmes d’Or historiques : Taxi Driver (1976) et Mission (1986). Cette distinction célèbre non seulement l’acteur, mais aussi l’engagement d’un homme qui n’a jamais hésité à mêler art et convictions.

Quand la musique s’invite à Cannes

Cannes ne serait pas Cannes sans un peu de panache musical. Cette année, deux chanteuses françaises occuperont le devant de la scène.

D’abord, Juliette Armanet fait une entrée remarquée dans le monde du cinéma en tenant un rôle central dans le film d’ouverture Partir un jour, premier long-métrage de Amélie Bonnin, chronique d’un été doux-amer portée par la musique et les émotions.

Puis, Mylène Farmer, icône insaisissable de la pop française, offrira un moment unique lors de la cérémonie. Très attendue, sa performance pourrait être l’occasion de découvrir un titre inédit, dans un écrin rare, à la hauteur de son univers mystique et envoûtant.

Une édition entre fête, cinéma et enjeux contemporains

Le 78e Festival de Cannes semble vouloir conjuguer tous les visages du cinéma : politique, poétique, intime, spectaculaire. Les thématiques annoncées – justice, maternité, mémoire, pouvoir – témoignent d’un art toujours en dialogue avec son époque. La présence d’un jury féminin majoritaire et ouvert sur toutes les cultures renforce cette orientation.

Mais au-delà de la compétition, le Festival demeure un lieu de rencontres, d’éclosions et de célébrations. À l’image de la cérémonie d’ouverture, mêlant humour, glamour et engagement, cette édition veut être un miroir du monde, un écran de tous les possibles.

Les projecteurs sont allumés, le tapis rouge est déroulé. Cannes 2025 peut commencer.