AVIGNON 2025

« Le Mystère Ophélia » : une œuvre envoûtante où l’art devient destin

today23 mai 2025 97 4

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Souvenez-vous de À ces idiots qui osent rêver, cette pépite romantique et audacieuse que Speed Radio avait portée aux nues lors du Festival d’Avignon. Céline Devalan, qui en était la plume et la voix, revient aujourd’hui avec un projet à la fois plus grave, plus ample, et plus envoûtant encore : Le Mystère Ophélia, ou la véritable histoire de Lizzie Siddal. Un spectacle total, qui mêle théâtre, peinture, poésie et cinéma pour faire dialoguer le réel et la fiction, le mythe et l’intime.

Un récit à la frontière de l’art et de la vie

Le point de départ : le célèbre tableau Ophelia de Millais, incarnation picturale de la mort d’Ophélie dans Hamlet. Mais qui était la jeune femme qui posa pour cette toile ? Lizzie Siddal, muse des Préraphaélites, amante de Rossetti, peintre à ses heures, poétesse oubliée… et figure tragique, à l’image du personnage qu’elle incarna.

Céline Devalan tisse avec justesse et finesse les fils de ces deux destins : l’un réel, l’autre littéraire. Et le spectacle avance, lentement mais sûrement, vers cette question centrale : Lizzie a-t-elle été dévorée par le rôle qu’on lui a imposé ? L’art est-il ici inspiration ou piège ? L’œuvre propose une méditation sensible et captivante sur le regard masculin, l’idéalisation féminine et les frontières poreuses entre amour et possession.

Une mise en scène d’une grande beauté visuelle

Dès les premières minutes, Le Mystère Ophélia séduit par sa richesse plastique. Le décor, divisé par un rideau de fil, permet des jeux de profondeur intelligents. Les projections vidéo ne se contentent pas d’illustrer : elles prolongent les émotions, transforment la scène en tableau vivant. Les images de la nature, les extraits d’Hamlet, les superpositions d’œuvres préraphaélites composent un univers onirique, immersif, où passé et présent se confondent.

Mention spéciale à la création lumière et vidéo d’Antoine Le Gallo, précise et inspirée, qui donne au spectacle un cachet visuel rare dans ce type de production. La scène devient parfois un musée hanté, un rêve éveillé.

Un duo d’acteurs d’une grande sensibilité

Dans le rôle de Lizzie/Ophélie, Céline Devalan livre une performance tout en retenue, qui capte par la fragilité, la poésie, la finesse émotionnelle. Elle ne force jamais l’émotion, elle la suggère, la laisse vibrer dans les silences, les regards, les gestes suspendus.

À ses côtés, Romain Arnaud-Kneisky incarne un Rossetti tourmenté, charismatique, presque démesuré, mais aussi un Hamlet crépusculaire. Leurs deux énergies contrastées se répondent avec force : l’une est éthérée, l’autre volcanique. Cela crée un équilibre subtil, une tension douce qui porte toute la pièce.

Un spectacle rare, à ne pas manquer

Avec Le Mystère Ophélia, Céline Devalan signe une œuvre profonde, sensorielle et esthétiquement saisissante. Elle interroge la mémoire artistique avec intelligence et émotion, tout en offrant un écrin scénique d’une grande beauté.

🎭 Le Mystère Ophélia
📍 Théâtre des Corps Saints – Festival d’Avignon 2025
🗓 Du 5 au 26 juilletRelâches les 8, 15 et 22 juillet
🕥 Tous les jours à 10h05
🎟 Un moment de poésie visuelle et dramatique à ne pas manquer.

Écrit par: SPEED

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