Alors que s’ouvre le Festival Off d’Avignon, rendez-vous incontournable du spectacle vivant, un vent de contestation souffle sur l’édition 2025. Dans un communiqué publié cette semaine, la CGT-Spectacle appelle les compagnies, techniciens, artistes et personnels administratifs à refuser de jouer si la ministre de la Culture Rachida Dati se rend à un spectacle durant le festival. Le syndicat entend ainsi protester contre une politique qu’il juge destructrice pour le secteur culturel.
Un préavis de grève pour toute la durée du Festival
Le syndicat a déposé un préavis de grève couvrant toute la période du festival, du 6 au 26 juillet. Il ne s’agit pas d’un appel à la grève généralisée, mais d’une consigne claire : ne pas jouer si la ministre ou tout autre membre du gouvernement assiste à une représentation.
La CGT-Spectacle entend dénoncer « les politiques d’austérité qui détruisent la culture », qu’elle attribue directement au gouvernement en place, et à Rachida Dati en particulier, nommée ministre de la Culture en janvier dernier.
« Artistes, théâtres et public sont victimes de la politique d’austérité du gouvernement« , affirme Mathilde Louvain, représentante de la CGT-Spectacle à Avignon. Selon elle, cette initiative vise à alerter l’opinion publique sur les conséquences concrètes de la baisse des budgets culturels : suppression de postes, fragilisation des compagnies, limitation des programmations, et, in fine, appauvrissement de l’accès à la culture pour le public.
Une mesure symbolique mais lourde de sens
Dans les couloirs d’Avignon, où les artistes se préparent depuis des mois, cette prise de position divise. Mais la CGT-Spectacle assume sa radicalité : “Ce n’est pas une décision simple à prendre, reconnaît Mathilde Louvain. Mais c’est important de montrer le désaccord avec la politique de destruction des arts et de la culture.”
Le syndicat ne vise pas uniquement Rachida Dati, mais l’ensemble du gouvernement : “Les autres ministres sont complices.” Pour les représentants syndicaux, assister à un spectacle en toute impunité tout en imposant des coupes budgétaires est une forme d’hypocrisie qu’ils refusent de cautionner.
La culture en état d’alerte
Le contexte est tendu. Depuis plusieurs mois, les professionnels du secteur dénoncent des restrictions budgétaires touchant à la fois les aides aux compagnies indépendantes, les subventions aux festivals et les moyens alloués aux établissements culturels.
La CGT-Spectacle affirme que « quand on supprime des budgets, on censure des spectacles, et c’est aussi le public qui est victime ». Une déclaration qui résonne fortement alors qu’Avignon, lieu de création et de liberté artistique, devient le théâtre d’un conflit politique.
Une mobilisation qui pourrait marquer l’édition 2025
Reste à voir comment cette mobilisation se traduira sur le terrain. Des compagnies suivront-elles cet appel si la ministre de la Culture s’invite dans une salle ? Les théâtres pourront-ils soutenir une telle initiative ? Le public, lui, sera-t-il solidaire ou frustré de voir des spectacles annulés ?
À quelques jours de l’ouverture officielle, l’avenir de certaines représentations reste suspendu à une décision ministérielle. Et le festival, haut lieu de la liberté d’expression, pourrait bien être aussi cette année le lieu d’une confrontation directe entre culture et politique.
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