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SPEED RADIO La radio qui te dynamise
today17 mai 2025 90 5
Signée Alexandre Tchobanoff, avant son envol vers le Festival OFF d’Avignon 2025.
Speed Radio y était. Et ce que nous avons vu dépasse largement la promesse d’une “relecture”. C’est une traversée, un vertige. Un théâtre charnel, tendu, intensément poétique. Et surtout, un hommage vibrant à l’un des textes les plus énigmatiques et puissants du théâtre contemporain.
On connaît le texte de Koltès. On croit le connaître, du moins. Un Client. Un Dealer. Une rencontre improbable à la lisière d’un monde. Un entrepôt désert, au cœur de la nuit. Une conversation sous haute tension, où l’on ne parle ni d’argent, ni vraiment de drogue, mais de désir, de pouvoir, de vérité, et surtout, de l’autre.
Mais dans cette version, tout devient plus tangible, plus physique, presque animal.
Prisca Lona (le Dealer) et Justine Morel (le Client) ne déclament pas : elles engagent leur corps tout entier dans la langue de Koltès. Chaque mot pèse, chaque silence électrise. La scène devient un ring invisible où les corps s’observent, s’attirent, se défient. C’est intense, beau, inquiétant parfois. On ne regarde pas, on est happé.
Alexandre Tchobanoff réussit ce que peu de metteurs en scène osent faire : il pose des questions au texte, sans le trahir. Il l’ouvre, le pousse, le bouscule. Et il choisit deux comédiennes au physique androgyne, créant ainsi une ambiguïté troublante, loin de toute lecture simpliste du désir.
Le décor est sobre mais plein de signes. Un banc. Un escabeau. Un faisceau de lumière. Une fenêtre lumineuse qui semble appeler vers un ailleurs. Chaque élément est porteur de tension. Et la lumière elle-même devient un personnage. Elle vient frapper les visages, découper l’espace, ouvrir ou refermer les mondes.
Ajoutez à cela une bande sonore poignante Mahler pour le Dealer, Albert Ayler pour le Client et l’on obtient un espace scénique vibrant, tendu comme une corde prête à se rompre.
Ce qui se joue ici n’est pas une simple rencontre nocturne. C’est la cartographie d’un désir multiple, sans nom, sans genre, sans limite. Koltès le disait lui-même : il refusait que cette pièce soit réduite à une histoire de drague. Elle va bien au-delà.
Elle interroge tout ce qui se vend, tout ce qui s’achète : la confiance, la vérité, l’intimité.
Elle questionne les rapports de pouvoir, les rapports de classe, de genre, de corps.
Elle fait du théâtre une arène existentielle.
Ce face-à-face devient une lutte pour exister dans le regard de l’autre. Pour ne pas céder. Ou pour céder enfin. Et dans cette lutte, on ne sait jamais qui mène le jeu. C’est ce qui rend la pièce si troublante, si nécessaire.
Du 4 au 26 juillet 2025, à 14h05 au Théâtre du Girasole, cette version coup-de-poing de “Dans la Solitude des Champs de Coton” prendra vie au cœur du Festival OFF d’Avignon. Et si l’avant-première parisienne a déjà saisi le public à la gorge, on imagine sans peine le choc qu’elle provoquera dans l’effervescence avignonnaise.
Un conseil : réservez dès maintenant. Et préparez-vous à être bousculés.
🎭 “Dans la Solitude des Champs de Coton”
🖊 De Bernard-Marie Koltès
🎬 Mise en scène : Alexandre Tchobanoff
🎭 Avec : Prisca Lona et Justine Morel
🎨 Scénographie et costumes : Alexandre Tchobanoff, Prisca Lona
💡 Lumières : Alexandre Tchobanoff
🎧 Musique : Gustav Mahler & Albert Ayler
📍 Festival OFF d’Avignon – Théâtre du Girasole – Du 4 au 26 juillet 2025 – 14h05
Écrit par: SPEED