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Et Van Gogh se coupa l’oreille… Le geste, tragique et célèbre, a traversé le temps comme le symbole de la folie créatrice. Mais avant cette nuit d’Arles, il y eut deux artistes, deux visions du monde, deux tempéraments que tout opposait. C’est cette cohabitation explosive que met en scène Cliff Paillé au Théâtre Le Lucernaire, dans Gauguin – Van Gogh, une plongée à vif dans la relation entre deux géants de la peinture.
Nous sommes en 1888. Vincent Van Gogh a trouvé dans la lumière de Provence un apaisement rare. À Arles, il rêve d’une communauté d’artistes, d’un atelier du Sud où la création serait collective et fraternelle. Lorsque Paul Gauguin le rejoint, l’espoir est immense : enfin un compagnon de route, un esprit à la hauteur de ses aspirations. Mais très vite, les divergences s’accumulent. Leurs échanges, d’abord passionnés, deviennent affrontements. Gauguin, cérébral et sûr de lui, se heurte à un Van Gogh hypersensible, en quête d’absolu.
Le texte, coécrit avec David Haziot, biographe et spécialiste de Van Gogh, s’appuie sur des sources précises pour reconstituer ces neuf semaines d’intensité. Dans une mise en scène sobre et tendue, Cliff Paillé et Noémie Alzieu choisissent la proximité : un huis clos vibrant, presque claustrophobe, où chaque mot, chaque silence semble une touche de couleur supplémentaire sur la toile du drame.
Sur scène, Alexandre Cattez (Van Gogh) et William Mesguich (Gauguin) livrent un duo habité. Le premier, tout en fièvre et en fragilité, fait vibrer l’intériorité bouleversée du peintre. Le second, autoritaire et charismatique, incarne un Gauguin tour à tour mentor et rival. Ensemble, ils donnent chair à cette amitié impossible, où la création devient champ de bataille.
À travers cette confrontation, Gauguin – Van Gogh raconte autant une histoire d’art qu’une histoire humaine : celle de la solitude du créateur, du rêve brisé d’un idéal partagé, et de la mince frontière entre inspiration et déraison.
Une création inédite à découvrir au Lucernaire, où la peinture se fait théâtre, et la folie, émotion.
Sous la plume inspirée de Cliff Paillé et David Haziot, Gauguin – Van Gogh trouve le juste équilibre entre rigueur historique et fièvre émotionnelle. La pièce ne cherche pas à trancher entre raison et folie, mais à sonder la brûlure de la création, ce point de non-retour où l’art consume l’homme. Une œuvre intense, incarnée et profondément humaine à l’image de ses deux protagonistes.
Écrit par: SPEED