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SPEED RADIO Là où les artistes prennent la parole
today16 juillet 2025 49 5
Comment se repérer parmi les plus de 1 700 spectacles dans tous les styles à l’affiche du festival Off d’Avignon ? Petite sélection autour du thème des handicaps traité avec sérieux ou humour, pour interroger et faire changer le regard. Premier volet sur la santé mentale et les addictions.
En cette année de la santé mentale, grande cause nationale 2025, la question irrigue de manière directe ou plus discrète nombre de spectacles.
Dans Heureux soient les fêlés, François Mallet partage sa propre expérience. « Et si on faisait de notre santé mentale notre priorité ? Et si on aimait enfin nos fêlures ? » propose-t-il, retraçant son parcours de « bipolaire, gay et patineur artistique », soulignant l’exigence et les dégâts causés par le sport de haut niveau. Il nous entraine dans ses tourbillons virtuoses entre rires et émotions, sans oublier de « laisser passer la lumière. » Hilarant et salvateur.
Encore une date le 22 juillet et pour les parisiens au Théâtre du Marais les 18 et 25 juillet puis des samedis jusqu’au 3 janvier 2026. https://billetterie.theatredumarais.fr/evenement/francois-mallet?idwl=1
Les interrogations d’une « génération en quête de sens », sont au cœur de La nuit n’en finit plus, d’après Plus grand que moi de Nathalie Fillion et Nuit d’Andrée Chedid. Eco-anxiété, insomnies, pensées envahissantes, santé mentale, envie d’agir… bousculent le personnage de Cassandre Archambault qui nous introduit dans ses folles nuits. Il est joué par Léa Conil avec une énergie à la hauteur de sa quête, dans une mise en scène inventive. Suite à une grave blessure, la comédienne confie : « À l’urgence initiale d’exprimer ma soif de vie s’est alors mêlée la nécessité de continuer à vivre et créer dans un corps empêché. » Un cri émouvant.
Après avoir présenté à Avignon Les Maux bleus sur les violences faites aux femmes, coup de cœur du Monde en 2021 et prix du public en 2022, Milouchka et Chystelle Canals de la Compagnie de l’Éclair, s’attaquent aux addictions, dans Shot Shoot Shut. Plongés au fond du trou, dans une cohabitation forcée, l’Ancien, la Nouvelle, la Revenante et le Golgoth, joués par des comédiens tous excellents, vont s’affronter, devoir sortir du déni et échanger pour espérer sortir de ce huis clos… Les autrices et comédiennes ont animés des ateliers dans des Centre de soins et s’inspirent des témoignages des patients : « Nous souhaitons bousculer les clichés, changer le prisme sous lequel l’addiction est généralement représentée et déplacer le regard. » Pari réussi, pour informer avec humour. Un spectacle nécessaire.
C’est aussi à la dépendance à l’alcool dans la première moitié du 20e siècle que nous sensibilise J’irai le dire à tout le monde. Pierre Jegou, auteur et metteur en scène, réhabilite Germaine Campion (1905-1998), bretonne venue vivre à Paris qui a connu des années d’alcoolisme, de misère, jusqu’à la prostitution. Avant de se donner pour mission d’accompagner les personnes malades alcooliques, les prostituées, les clochards en partageant que l’on peut s’en sortir grâce à une main tendue. Elle est à l’origine des associations Vie libre et le Nid. Carole-Anne Junchat pétillante se glisse dans le rôle avec une grande justesse.
D’autres spectacles à découvrir abordent ces questions sous différentes formes comme Caspar ou l’anatomie d’un fou, le seul en scène Ama, Les bienfaits de la dépression, sur le burn-out : Nyotaimori, Rimbaud, cavalcades ! et Comment bien réussir son burn-out ?, ou encore Gauguin – Van Gogh…
Écrit par: Marie-Claire Brown